mercredi 11 octobre 2017

Le tour du Morvan

Avant que le froid ne débarque sur la France, avant que la pluie ne transforme toutes les routes en torrents, avant que moi même je n'entre en hibernation, j'ai proposé à mes amis d'aller faire une dernière virée ensemble, une sortie moto sur la journée, un petit baroud d'honneur avant de raccrocher les gants.


J'ai choisi de faire le tour du parc du Morvan. Ce n'est pas la destination la plus facile à cette époque de l'année, mais j'aime les défis. Pour corser encore un peu plus le challenge, j'ai même promis à mes camarades d'expédition une journée de moto sous le soleil, crème solaire et lunettes de kékés fortement conseillées...
Je l'ai remarqué plus d'une fois, dans le Morvan la météo est un tantinet extrême et les phénomènes désagréables y sont facilement multipliés par dix (au moins). La moindre petite pluie à la lisière du massif se transforme en grosse douche froide une fois là-haut, et tu peux être sûr qu'un petit peu de brume en début de ballade va te forcer une fois sur place à descendre régulièrement de ta bécane pour vérifier que tu es bien toujours sur la route. J'exagère à peine, un bulletin météo optimiste dans le coin c'est un passeport pour la survie. Et ben va savoir pourquoi, depuis quelques jours, Météo France nous annonce du grand soleil pour plusieurs jours et des températures estivales, même plus besoin de réfléchir, du coup ça rend le challenge beaucoup plus facile.

Ce matin un peu de brume dans les prés, mais du ciel bleu partout

Pour le reste dans le Morvan, il n'y a rien à jeter. J'y roule souvent et c'est chaque fois le même scénario. Je commence toujours les premiers kilomètres, presque blasé en me disant qu'effectivement ce n'est pas les Alpes, et puis après un petit moment je trouve ces virages et ces beaux paysages verts bien attachants et finalement j'en sort toujours satisfait. Derrière le guidon, pas de risques pas de s'ennuyer, tout est  très variés. Il y a des lacs, des petites rivières, de la montagne, il y a des zones de pâturage avec des grands prés saupoudrés de vaches, et aussi des forêts de pin, bien denses, bien sombres qui t'obligent à virer tes lunettes de soleil en catastrophe pour ne pas finir dans les nombreux tas de bois qui bordent la route. Bref, tu m'auras compris rouler dans le Morvan c'est faire défiler tout un patchwork de nature devant tes yeux d'aventurier. Ajoute à tout ça le patrimoine historique et architectural  qui est très riche, une densité de population à coté de laquelle la Lozère parait presque surpeuplée, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait déplaire.

The parcours
Partir au petit matin pour un trip moto avec ma femme et mes amis ça caresse mes fantasmes de baroudeur dans le sens du poil, et même si nous ne partons que pour un tour de 300km, un départ c'est toujours un départ et ça fait quand même son petit effet euphorisant sur mes neurones, je le ressentirais pendant une bonne partie de la matinée. Quand on pénètre dans le parc par son coté sud on est du coté des sommets les plus hauts. On n'est pas dans les superlatifs ici, le plus haut sommet, le Haut-Folin ne dépasse guère les 1000 mètres, mais la route qui monte sur les hauteurs à des cotés sauvages, et dans le coin et à cette saison ce ne sont pas les gravillons qui testent les réflexes des motards mais les châtaignes écrasées qui tartinent de grosses portions de routes d'une pâte glissante. 
Avec un peu plus de temps, à Château-Chinon on aurait pu visiter le musée du Septennat. Cette expo regroupe tous les cadeaux qui ont été faits à Tonton par les chefs d'états étrangers. Impressionnant
J'ai choisi un parcours avec des routes pas trop merdiques pour que mon pote et sa Roadking ne soient pas à la peine
Nous arrivons pile-poil à Vézelay pour faire notre pause repas. La ville est bien connue du monde catholique pour sa basilique et pour son départ d'un des chemins de pèlerinage qui mène à St Jacques de Compostelle (décidément depuis cet été je vois ces pèlerins sans arrêts). Alors après avoir festoyé, direction le haut du village pour une visite du vieux quartier médiéval. Avant de repartir j'ai un truc à faire. Je passe souvent par cette route, et à chaque fois je me dis qu'une photo avec une belle moto et Vézelay sur sa colline en arrière plan ça serait sympa. Alors pas question d'y échapper aujourd'hui, je place Marie à l'endroit qui va bien avec le canon et hop !!! passage avec les bécanes .

Dommage, je n'avais pas ma Harley aujourd'hui et dommage qu'il n'y ait pas eu un champs de colza en fleurs!!!
(photo Marie)


A Dun-les-Places nous stoppons au mémorial en mémoire aux maquisards du Morvan
Depuis le début de cette expédition je mène ma troupe d'une main de maître, un vrai pigeon voyageur. Mais après Montsauge-les-Settons c'est la panique, je perd le fil de mon roadbook et par la même occasion le D193 qui doit nous conduire à Anost. Ce n'est que grâce aux bons conseils d'un "Montsauchois" que nous retrouverons la bonne direction.
Le type en question n'a pas saisi tout de suite le nom du village. "Anost" se prononce Ano... rien à voir. Difficile quand tu n'as pas vécu dans un pays de maitriser le bon accent.
"J'ai bien envie de vous faire passer par la vieille route, nous a t'il répété plusieurs fois..." 
Nous avons attendu la bonne parole pendant de longues secondes, et puis finalement le mec a fini par nous indiquer un itinéraire un peu improbable.

La vieille route, si c'est bien elle, est tout à fait acceptable
Je ne suis pas sûr d'avoir bien suivi ses conseils, la vieille route en question, si nous l'avons empruntée était acceptable, pas de off road cette fois ci. Nous avons fini par trouver le fameux village d'Anost. Moi qui me vantais de connaitre le Morvan comme ma poche... Le plus dur c'est toujours pour Erik qui peine un peu dans les demis tours à l'arrache, les quelques 350kg de la Roadking ne facilitant pas les manœuvres.
J'ai repris la maitrise de la situation après quelques kilomètres. Plus loin, avant d'arriver à Toulon-sur-Arroux je fais toujours le même petit détour. Et si on vient là pour la première fois en général c'est la surprise, on pourrait presque se croire victime d'une faille spatio-temporelle. A l'extrémité d'une petite route, on est propulsé en Asie lorsqu'on ose les yeux sur le Temple des Milles Bouddhas (Paldenshangpa La Boulaye). C'est un centre de retraite spirituel fréquenté par les disciples de Bouddha et Marie aime aller y faire tourner les moulins à prière lorsqu’on s'y arrête. Décidément la Saône-et-Loire est surprenante.

A Toulon-sur-Arroux, le temple des milles Bouddhas

Lorsqu'on arrive dans la ville de Geugnon le blues de fin de parcours me rattrape. La nuit est bientôt là et mon équipée sait que la maison n'est plus très loin, pas moyen de rallonger le trip, pas possible de tricher en faisant semblant de se perdre. C'est inéluctable faut rentrer au garage. Je suis sûr qu'Erik est comme moi... Il pense déjà à la suivante.

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